• 3 questions à Enzo Daumier

    3 questions à Enzo Daumier

     

    C'est au tour de Enzo Daumier de se prêter au jeu des questions !! Et comme toujours qu'on l'écoute sur son podcast ou qu'on le lise il est passionnant : un auteur à découvrir absolument !!

     

    3 questions à Enzo Daumier

     Originaire du sud de la France, Enzo Daumier a traversé la Manche à la fin de ses études. Après quelques années dans la métropole londonienne et à Oxford, il s'est installé dans le Yorkshire, avec son partenaire et ses chats. C'est non loin du superbe Peak District qu'il écrit ses histoires, traduit celles des autres et partage sa passion des littératures du monde entier.


    Il anime "Ma bibli dans le placard", un podcast sur la *littérature gay* et la *romance MM*.

    Il écrit de la poésie sous le pseudonyme « Nô »


     

    MIB : Considérant la mauvaise presse faite à la romance en général, quelle place, vous lui
    accordez-vous dans la littérature et quelle est votre propre conception de celle-ci ?


     ED:
       Pendant longtemps la romance n'était pas la seule à être un "mauvais genre". À ses côtés, il y avait le polar/policier et les littératures de l'imaginaire. Dans le monde entier, le polar a su établir ses lettres de noblesse depuis une vingtaine d'années, sinon plus. Pour ce qui est de la fantasy et de la science-fiction, elles sont en train de les acquérir, lentement mais sûrement. Même la France ne semble pas pouvoir résister à ce phénomène, puisque la BnF vient de consacrer une exposition à Tolkien et plus largement à la Fantasy. En toute logique, la romance est la prochaine sur la liste. D'ailleurs, le fait que nous ayons adopté le terme "romance" pour désigner ce qui était appelé, non sans mépris, des "histoires à l'eau de rose" est le premier signe de cette évolution vers la respectabilité.

       Dans ma jeunesse, j'ai moi aussi un peu méprisé ce genre. Je me plaignais que l’on puisse donner une mauvaise réputation à la SFFF, mais je faisais la même chose pour la romance. Quel petit c** prétentieux ! Il m'a fallu de nombreuses années pour accepter le fait que j'aimais lire des romances, que je n'avais pas à les considérer comme des "guilty pleasures". Tout est devenu plus facile quand j'ai découvert qu'il existait des histoires d'amour entre hommes, et que je n'avais plus à lire des romances hétéros.
    Évidemment, la découverte du MM a apporté son lot de confusions et parfois de frustrations. Il m'a fallu quelques années supplémentaires pour comprendre en quoi elle différait de la littérature gay.

    Maintenant, j'entretiens une relation amoureuse très compliquée avec le MM. Il y a beaucoup de tension entre lui et moi (désolé, je ne parle pas de tension sexuelle ici), et j'utilise cette tension pour écrire mes propres romances (que je préfère qualifiée de « gay », à dessein). Sur un plan plus théorique, j’explore cette tension dans mon podcast. 
     

    3 questions à Enzo Daumier

       Ce n'est pas facile d'être un lecteur gay et de lire une production écrite la plupart du temps par des femmes (hétéros) à l'attention d'autres femmes (hétéros). Je me sens parfois exclu, ce qui me frustre, car je devrais être le public principal de l'homoromance (oui, je suis un peu innocent parfois ^^). C'est aussi la raison pour laquelle j'ai l'impression d'évoluer en marge du milieu, mais je prends beaucoup de plaisir à discuter avec des auteurices et des lecteurices du genre. Je veux développer ces échanges.

                                                                             

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       Je note que le MM a beaucoup évolué ces dix dernières années. Je ne suis pas très au fait de la production française (je fais toutefois des efforts depuis que j'ai commencé mon podcast), mais je lis abondamment en anglais : comme je vis en Angleterre, c'est le plus simple et le plus économique (je ne snobe pas les romances françaises !). 
       J'aimerais que le MM soit moins sexuel, car je dois avouer ne plus supporter ces scènes de sexe qui s'étendent sur des pages et des pages. J'aime que l'on puisse parler de sexe dans les romans, mais je n'aime pas ces descriptions à rallonge. J'ai peur que ce soit une cause perdue chez certaines autrices Anglo-saxonnes... mais à ce niveau, on ne devrait plus parler de romance MM, mais de pornographie MM. 
      J'aimerais aussi davantage de vraisemblance. Je veux bien que nous lisions un genre qui joue sur les fantasmes, mais les réactions de certains protagonistes sont parfois What-The-Fuckesque.
       Durant les mois de l’hiver qui vient de passer, j’ai lu une romance MM par jour en moyenne (merci Kindle Unlimited !). J'ai vite perdu ma patience avec certains romans et je me suis lassé tout aussi vite de quelques clichés du genre.
    Par contre, dans les bons romans, j'ai appris à apprécier la qualité des personnages secondaires, la richesse du monde dans lequel les personnages principaux évoluent. Je ne peux plus me contenter d'un simple Boy meets boy. Il faut que la romance que je lis m'offre davantage. Si je n'apprends rien de nouveau sur les rapports humains, si je quitte le roman comme j'y suis entré, exactement le même, j'ai perdu mon temps.
    La production en langue anglaise est énorme. Il y a beaucoup de bouses, soyons honnêtes, mais il y a aussi des auteurices qui font un travail remarquable. Il faut juste s'assurer que la bouse n'occupe pas le devant de la scène, sinon nous n'avons aucun espoir que la romance MM soit mieux perçue.

    3 questions à Enzo Daumier

     

    MIB: Un débat qui revient souvent et qui nous intéresse en tant que blogueuses est le rapport de l'auteur a la critique. Comment vous positionnez-vous face aux coms Amazon, aux chroniques et la critique en général ?

    ED: Je saute de joie quand on poste un commentaire au sujet de mes livres, car la plupart du temps je pourrais croire que personne ne me lit (même si les ventes m'affirment le contraire).
    Évidemment, il y en a toujours un ou deux qui me font grincer des dents (et je pleure un peu en mon for intérieur). Cependant, une chronique négative, si elle est argumentée, peut m'enthousiasmer davantage qu'un commentaire positif, car c'est parfois le seul moyen que j'ai d'avoir un retour constructif sur ce que je fais (venant d'autres personnes que ma bêta-lectrice, qui assume souvent un rôle d'éditrice). Si j'apprends quelque chose sur mon propre texte, même si c'est négatif, comment pourrais-je mal le prendre ?

    Dans tous les cas, en tant qu’auteur, j'essaye de ne pas trop accorder d'importance aux commentaires ou aux chroniques. Ils sont nécessaires, j'en voudrais dix fois plus, car ils permettent aux lecteurs de s'orienter et de savoir que mes romans existent, mais je ne peux pas les laisser influencer ce que j'écris... car ce serait vite la pagaille !

    Toutefois, je dois avouer que l'absence de retour finit toujours par entraver ma motivation : le meilleur cadeau que vous puissiez me faire, c'est de me dire que vous m'avez lu et que (hopefully) vous avez passé un bon moment, mais aussi que (hopefully bis) vous attendez le prochain avec impatience. Je sais que c'est ce dont j'ai besoin quand je galère sur un manuscrit et que je me demande si je dois continuer au lieu de tout arrêter (pour de bon, à jamais, pour toujours).

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      Auteur de romance gay autopublié : c'est la combinaison gagnante ! On ne peut pas être plus dédaigné, ou (pour rester neutre) plus invisible. Mais en même temps, under the radar, on dispose d'une liberté totale. Je fais ce que je veux, et c'est vraiment génial. J'adore vivre dans une époque où l'on n'a pas besoin de l'aval de gardiens institutionnels (éditeurs, journalistes, etc.) pour exister et diffuser son œuvre.
    Je dispose, en plus, de l'incroyable chance de vivre dans un pays étranger où les gens autour de moi ne peuvent pas comprendre ce que je fais. Je suis peinard… Aucune pression, aucun jugement de ce côté-là.

      Évidemment, le revers de la médaille, c'est qu'il faut apprendre à tracer son chemin en solitaire, ce qui n'est pas toujours facile. (Heureusement que les réseaux sociaux existent !)
    Et j’aimerais que mon mari, qui est britannique, puisse me lire un jour, vu qu’il lit aussi de la romance MM et de la littérature gay. Mais, à moins d’être traduit en anglais (peu probable), ça restera à l’état de rêve !

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    MIB:  Avez-vous choisi de vous éditer seul ou de passer par une ME ?

    ED: Le premier tome de ma trilogie Tendres Baisers a été édité en numérique chez HQN (j'ai autopublié la suite qu'ils ne voulaient pas). Les Chroniques de Dormeveille (fantasy urbaine) ont été publiées sous le label des "Arches de Verre", car elles s'inscrivent dans l'univers que nous avons créé en 2011 avec Clara Vanely. Celle-ci assume un rôle semblable à celui de l'éditrice (annotation du manuscrit, etc.), mais je gère tout le reste en autopublication.
    Pour Le Youtubeur (qui sort en juin), j'ai aussi décidé de l'autopublier, je n'ai pas souhaité proposer ce manuscrit à des éditeurs (j'ai mis quatre ans à le terminer, je n'étais pas prêt à attendre deux ans de plus pour que mes lecteurices puissent le lire !).

     Pour le moment, ma préférence va à l'auto-édition, même si ça demande beaucoup de travail et qu'il serait très tentant de laisser certaines tâches à d'autres. 

     Dans l'avenir, je me vois davantage comme un auteur hybride, publiant solo et avec une ME. Je veux le meilleur des deux mondes. ^^

     J'aime beaucoup le travail de MxM Bookmark (certaines couvertures are to die for), par exemple. Je pense que cette ME occupe une place de choix dans le secteur de la romance MM avec un catalogue dynamique, bien équilibré entre production anglophone et francophone. (Ce dernier point me semble capital). C'est après tout l'éditeur d'auteurs que j'aime énormément : Jay Bell, Anyta Sunday, etc.
     J'aimerais qu'ils deviennent aussi importants dans le milieu francophone que Dreamspinner l'a été à un moment (mais sans connaître cette fin dégradante à laquelle nous assistons depuis un an et qui a été très douloureuse pour les auteurices anglo-saxons).

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     J'aimerais m'investir davantage que je ne le fais dans le milieu du MM (mais aussi de la littérature gay). C'est en partie la raison pour laquelle j'ai lancé mon podcast (Ma bibli dans le placard).

    Quand Dreamspinner payait ses freelances (!), je faisais beaucoup de corrections de traductions. J'ai même traduit un roman d'Andrew Grey, pour eux. Une expérience que j'ai adorée et qui commence à me manquer !

    J'aimerais beaucoup reprendre la traduction, car c'est, à mes yeux, une pratique complémentaire de l'écriture. Être un passeur, permettre aux lecteurices français.es de découvrir les meilleures plumes anglaises, ça m'intéresse énormément. Bon, évidemment, ça demande du temps que je n'ai pas toujours, mais participer à ce genre de projets m'intéresserait beaucoup.

    Comme je me sens parfois seul en Brexitland, je regarde avec beaucoup d'envie ces écrivains américains qui collaborent à des projets d'anthologie, ou, encore mieux à des séries : par exemple, chaque auteur écrit une histoire indépendante autour d'un thème ou d'un objet commun.
    J'ai en tête la série The Christmas Angel Books, où sept auteurs de romance MM ont tous publié un roman dans lequel apparaît le même ange de noël en bois. Les histoires se passent à toutes les époques et sur tous les continents. Un concept vraiment génial !!!

    C'est une occasion en or de mettre en place de vraies collaborations et de s'entraider. J'espère avoir l'occasion dans le futur de participer à de nombreux projets collaboratifs (anthologies, séries, magazines, romans à plusieurs mains, etc.) et servir de bêta-lecteur. Avis à la communauté ! Je cherche toujours mon prochain défi ! ;-)


     La question lecteur/trice:

    As- tu une préférence pour la romance anglaise ou française et pourquoi ?

    ED: 

    Je n'ai pas de préférence, même s'il est vrai que je lis davantage de romances anglo-saxonnes pour des raisons économiques (je les lis aussi en VO). Ce qui m'importe dans l'absolu, c'est la qualité de la romance (son intrigue, ses personnages, le style), et non son origine.
    Ceci dit, je préfère éviter de lire des romances d'auteurs français qui se passent aux USA (à moins de savoir qu'ils y ont vécu ou y vivent), car je suis souvent déçu par la superficialité des décors (mais il existe de belles exceptions, comme toujours).

     

     

     

    Merci beaucoup Enzo c'est toujours un plaisir de te lire !!! 

    Vous retrouverez son dernier roman ici 

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     Son site internet : https://fr.enzodaumier.com/

    Sa page facebook : https://www.facebook.com/EnzoDaumier/

    N'hésitez pas à lui écrire !!! 

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  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Juin 2022 à 19:16
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