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Ailleurs, c'est forcément mieux de Sacha Stellie
Je n'ai pas eu a attendre longtemps cette année pour découvrir ma première petite claque avec Sacha Stellie et son Ailleurs c'est forcément mieux publié en mars 2018.
Le pitch :
Je m’appelle Charles, j’ai trente-neuf ans.
Je suis ce que certains aiment à qualifier de cynique. Un personnage outrecuidant, ostentatoire, qui fait semblant de sourire au monde, surtout aux femmes, qui a la débauche facile et le travail exigeant. J’avance ainsi dans la vie, sans encombre, avec le désavantage de ceux qui ont une belle gueule, un charisme claquant et un humour acerbe. Je suis donc aux yeux de tous ce cynique mondain qui a réussi.
En réalité, je suis tout simplement un sale type.
Un sale type brinquebalant, qui ne profite jamais de rien à cause de cette pathologie nauséabonde qui consiste à penser qu’ailleurs, c’est forcément mieux.
Un mec qui ne vit pas parce qu’il attend quelque chose qui ne vient pas sans même savoir ce que c’est. Un sinistre individu qui écrase les gens de ses lourdes convictions, de cette détestable assurance, de son désir obsessionnel de rentabilité et de son manque viscéral de disponibilité. Un personnage égocentrique qui n’éprouve de réelle affection que pour la pierre tombale de sa mère. Un pauvre drille qui aime gagner et amasser de l’argent mais que tout l’or du monde ne parviendrait pas à rendre heureux.
Un sale con en somme, mais un con lucide. »
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Ou comment tomber sous le charme du parfait connard ! Charles Bailly s'ennuie, alors il méprise, rebute, rembarre et juge le petit monde autour de lui. Sa femme, parfaite même à ses yeux, et sa vie financièrement réussie ne suffisent pas à le sortir de sa léthargie lentement installée depuis le décès de sa mère.
Un nouveau voisin débarque avec son gosse et son monde est bouleversé, un monde blindé de préjugés, de certitudes et de croyances construites sur son écœurement des autres. Charles ouvre les yeux, découvre le soleil et sa chaleur sur la peau, la caresse d'une conversation et le troublant mystère d'une "amoureuse" anonyme qui percute son inertie. Adriano, le charmant voisin dessine avec son fils un nouveau monde, une nouvelle vision, une nouvelle culture, une autre approche des autres. Charles observe, espère et attend beaucoup de cette amoureuse lettrée et cachée, il partage ses espoirs et ses craintes avec Adriano toujours partant pour l'aider.
Un roman délicieux et truculent avec un personnage de premier ordre. Un acariâtre, revenu de tout, qui envoie bouler tout son entourage sans jamais prendre de gants, bref un salaud, un connard mais attention le connard qui fait ça rudement bien. C'est impossible de ne pas s'attacher à lui, de ne pas partager la moitié de ses désillusions et de son dégoût critique des petites vicissitudes de notre société. Son regard caustique, ultra caustique, sur les autres est un vrai bonheur pour le lecteur car de ses amis à ses employés, de sa femme et ses artistes à son idée de la vie, tout est dit avec un humour acide et corrosif, une jouissance de la moquerie qui nous fait ricaner comme des buses tout le long du livre. Un roman complètement porté par son personnage acerbe et la plume talentueuse de son auteure qui en plus de satisfaire mon ironie personnelle m'a ravie le cœur.
Une exploration dans l’œdipe conscient et avéré d'un homme qui ne se cache rien et qui du coup ne cache pas sa rancœur aux autres, un être blessé par une épreuve somme toute presque banale mais qui n'a pas su retrouver l'éclat perdu dans ceux qui l'entoure. Un homme lucide qui sait la souffrance qu'il impose mais qui sait aussi que les jeux se jouent à deux ou plus, que lui seul n'a pas réellement le pouvoir unique sur les autres et qui attend "celle" qui par magie a su le voir et faire sortir le meilleur de lui même.
Une fin comme on les aime, tranquille et romantique pour un roman délicieux sur le coming out d'un connard en homme bien qui retrouve le sourire et la joie de vivre. Yop.
Citation:
— A présent, commençons, invité-je Violette à démarrer le diaporama. On tourne le premier film dans un abattoir, c’est bien ce que nous avons convenu ? Eléa, notez tout ce qui vous semble intéressant, je vous prie, vous serez en charge de cette première partie. Et je vois le beau visage se décomposer et se vider de son sang. Rien que le mot abattoir a suffi. Une grande brindille comme ça, à tous les coups, c’est végétarien. Alors, Barjavel, on se la ramène moins, hein ?Vous le trouverez ici : Ailleurs, c'est forcément mieux
Tags : sacha stellie, ailleurs, romance gay, gay for you, renouveau, voisin, écrire, prise de conscience, cynisme
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Commentaires
Assurément la plus belle chronique que j'ai eu sur ce roman...
Vous m'avez émue aux larmes par vos mots et avez su comprendre toute la dimension que j'ai souhaité donner à mon (mes) personnage(s)...
Infiniment merci.
C'est moi qui vous remercie pour ce délicieux moment de lecture! je vais etre obligée d'investir dans la version papier!!