• Faux départ de Janey Chapel

    Dans le genre chronique complètement subjective et écrite avec des étoiles plein les yeux (et des " ho putain " plein la bouche aussi mais c'est moins glam) Faux départ  de Janey Chapel est un court roman sur un retour du premier amour publié chez Dreamspinner Press en 2014.


    Faux départ de Janey Chapel
    Le pitch: 


    C’est la réunion décennale de l’université de Tucker Locke, et il n’a pas fait grand-chose de sa vie. Bien sûr, il est devenu un brillant avocat avec une belle voiture et un bel appartement, mais sa vie est vide, et Tucker sait pourquoi. Dix ans plus tôt, ne se sentant pas prêt à accepter son homosexualité, il a laissé Whit Jamison derrière lui. 
    70 pages.



                                                                                  *****

    Le sujet est assez traditionnel dans le genre, la plume de l'auteur  et l'intensité de ses mots le sont beaucoup moins. 

    Tucker retourne dans sa ville natale pour une soirée d'anciens et retrouve Whit son premier réel béguin qu'il avait toujours tu et fini par rejeter n'assumant pas du tout son homosexualité naissante.
    Facile, convenu, déjà lu, déjà écrit... oui mais non ! Faire quelque chose d'aussi fouillé, intense et profondément humain d'un sujet moult fois rebattu dans un format assez restreint est en soi un vrai parcours gagnant. Un fil rouge fort où le traitement et l'intonation donnée à l'alternance des points de vue sont assez innovants et surtout séduisants. C'est  presque un dialogue direct avec le lecteur plein de finesse, de drôlerie et de sensibilité en demi teinte. Un pas après l'autre, un souffle derrière l'autre, un mot suivant l'autre l'auteure nous présente ses deux héros avec un affect particulièrement efficace permettant de voir plus loin derrière les images littéraires des amours perdus ou déçus. Elle nous livre une véritable introspection sensible et réaliste de ce qui nous mène à la lâcheté, la fuite, la course lente et épuisante à la normalité que l'on est si prompt à préférer au sprint étourdissant de ses sentiments ou de ses besoins.

    Tucker est ce personnage fuyant, pleutre que l'on pourrait abhorrer si sa propre perception de lui même n'était pas si perspicace et sans fausses excuses. Il se sait, se connaît mais se cache, court encore et toujours, non pas après quelque chose mais pour semer un passé renié qui le talonne. Whit est le gentil, celui qui a souffert, que Tuck a laisse derrière lui pour franchir les lignes trompeuses d'une victoire et d'un avenir amers et sans vie. Il est resté cet homme sain et honnête, de ceux qui se regardent sans rougir dans les yeux des autres et qui prennent la vie comme une randonnée partagée avec eux.

    Alors oui on pourrait croire le schéma facilement tracé de longues lignes bien droites qui nous mèneraient d'un point A à un point B. Et c'est le cas dans ce scénario sauf que voilà Janey Chapel nous prouve que le noir et le blanc dans l'imagerie de la romance c'est vraiment surfait et que toutes les nuances de gris sont bien plus passionnantes. 
    Passionnantes comme cette façon de nous montrer la souffrance et la peur sous les deux angles pas si droits que ça.
    Vivantes parce que la peur et le doute ça use les certitudes même des hommes les plus lâches, que leurs sentiments sont bel et bien présents et qu'une fois qu'on a pris son élan il est parfois difficile de s'arrêter et de faire marche arrière. Que ces mêmes peurs ou doutes peuvent à contrario vous pousser à vous construire, vous accepter et à vous sourire dans la glace.  
    Émouvantes ces nuances quand elles nous montrent aussi qu'il est tellement facile pour celui qui a été abandonné  de juger l'autre et de se dire "moi je ferais ci ou ça " et de réaliser au final que nous n'avons pas tous la même facilité à nous révéler au monde.

    Une nouvelle courte, précise et percutante qui m'a complètement noyée dans sa douceur, sa nostalgie et sa sensualité. Un récit ou chaque mot touche au plus juste des émotions si évidentes,  qui dédramatise cette vision romanesque de la puissance de l'amour au bénéfice de la réalité de la compassion, de la compréhension de l'autre et du pardon.
    C'est  super bien construit, astucieux et drôle quand ça doit l'être, viril et terriblement concret quand il faut et moite comme un tee shirt mouillé après un bon jogging.

    Je le dis clairement  j'ai  adoré  ce roman  et je me fous de savoir si la trame est facile ou pas, si le sujet est classique ou pas, si ces hommes sont crédibles ou pas car Janey  Chapel m'a tout autant convaincue par sa façon de dépoussiérer ce genre de thématique que par l'intensité et le bien fondé de la psyché de ses personnages.
    Une superbe petite histoire où deux hommes partis avec des rythmes différents finissent enfin leur course au coude à coude et qui, petit plus, parviendrait presque à nous motiver pour un jogging (j'ai dis presque hein, faut pas pousser non plus). Yop.


    Faux départ de Janey Chapel

     

     

    Vous le trouverez ici : Faux départ

     

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