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Rapports de forces de Benjamin Schneid
Un roman qui porte très bien son titre puisque la totalité des rapports est en effet basée sur cet aspect. Rapports de force de Benjamin Schneid publié chez Textes Gais en 2010 est tout de même un récit surprenant qui surfe sur pas mal de tendances diverses et qui parvient cependant à en éviter les limites et les écueils.
Le pitch:
Alex préfère les amours d’un soir, ce n‘est pas vraiment un sentimental. Lukas, un garçon désorienté, s‘impose pourtant dans sa vie. Leur complicité évolue rapidement en de véritables rapports de force.
Theo partage la vie de Conny dans une relation libre. Le fantasme de celle-ci : avoir deux hommes dans son lit, dont... Theo.
Ce dernier finit par chercher conseil auprès de son ami Alex.°°°°
Le point fort est incontestablement sa structure : des débuts de chapitres avec des dialogues/suspens qui laissent peu à peu deviner aussi bien le passé de l'un des personnages principaux que sa personnalité pas si évidente dans le récit. De petits moments de tendresse sourde qui tranchent carrément avec le reste du roman et nous pousse sans cesse à vouloir connaitre le fin mot de cette histoire.
Alex semble être un homme détaché, adepte des plans culs réguliers mais fidèles, et surtout pas intéressé par une vraie relation. Sa rencontre avec Lukas bouleverse beaucoup de choses chez l'un comme chez l'autre et entraîne le lecteur dans des passages très difficiles, tout autant que leurs rapports, que l'on pourrait un peu vite, à tort ou à raison, comparer à de la Dark romance. C'est assez troublant car ce n'est typiquement pas le genre de roman qui pousse le lecteur à s'attacher à ses personnages mais plutôt à la curiosité et l'envie de savoir comment tout cela va finir.
Alex a une personnalité probablement aussi trouble que son comparse Lukas même si c'est plus évident chez ce dernier. Aucun ne semble avoir réellement d'ascendance sur l'autre mais les deux jeunes hommes paraissent très vites noyés dans une attraction destructrice dont ils n'ont pas vraiment conscience. Laisser les choses venir sans jamais leur donner de nom, vivre une histoire sans jamais partager quoique ce soit vraiment et surtout ne pas laisser remonter en surface tout ce qui perturbe chacun d'eux. La violence de Lukas s'accorde au désœuvrement d'Alex et sa certaine nonchalance jusqu'à que certaines limites réveillent enfin Alex sur l'impossibilité pour eux de construire quoi que ce soit.
En parallèle, c'est l'histoire de Théodore, en couple libre depuis longtemps avec la belle Conny, qui se profile avec leurs tentatives toujours plus nombreuses de vivre ensemble et chacun de leur côté en même temps. Une formule qui semble plutôt bien fonctionner pour l'un comme pour l'autre jusqu'à ce que l'idée d'une soirée à trois se dessine dans l'esprit libertin de la jeune femme. Le troisième perturbe énormément le jeune cycliste et remet en cause ses certitudes sur sa sexualité. Rien d’époustouflant de ce côté là, on est même un peu déçu que les choses ne s'y développent pas plus et j'ai eu un peu de mal à cerner l'utilité de cette interaction si ce n'était pour donner plus de corps à une galerie de personnages secondaires. La problématique étant de traiter avec autant d'importance cette histoire que la première sans qu'elle prenne vraiment toute son envergure et qu'au final elle nous laisse avec un goût d'inachevé.Le roman, si on ne s’arrête pas à sa couverture, est pourvu d'une plume simple mais nerveuse qui oscille entre les mots crus d'une sexualité violente et les passages plus doux d'une recherche propre, d'un deuil du souvenir ou de l'expression enfin libérée de ses attentes. Il révèle une vraie capacité à enchaîner son lecteur dans un contexte pas forcément évident et pas toujours en accord avec les codes roses de la romance mais est-ce vraiment une romance plus qu'une tranche de vie au bout du compte?
Alex est assurément un héros un peu hors cadres, se laissant aller à naviguer entre plusieurs schémas de personnages et qui finit par rejoindre la rive d'une vie plus équilibrée pour nous offrir une fin plus facile. Une fin plus en concordance avec les intros de chapitres et le climat assez lourd du début. Un roman qui réussit à établir même un rapport de force avec son lecteur celui d'y adhérer ou pas. Dans mon cas ça a fonctionné. Yop.Vous le trouverez ici : Rapports de forces
Tags : Benjamin schneid, textes gais, romance gay, rapports de forces, trio, libertin, vélo, cyclisme, deuil, football
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