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Ne t’arrête pas de parler de Séverine Balavoine
Une romance sympathique malgré le thème lourd du coma avec Ne t’arrête pas de parler de Séverine Balavoine publie en décembre 2018 chez Reines-Beaux.
Le pitch :
Dans le coma suite à un accident, Norris assiste de loin aux va-et-vient qui rythment son quotidien. Il écoute la douce Linda chanter lorsqu'elle lui fait sa toilette, savoure les séances de kiné avec Mark - qu'il imagine sexy - et grogne (intérieurement) contre la trop volubile Hélène et son accent du sud. Côté famille, il subit les surnoms niais de sa mère et s'inquiète de la décoration que sa soeur a infligé à sa chambre d'hôpital. Quant aux visites d'Allen, elles l'apaisent et lui donnent une envie irrépressible de se réveiller pour étreindre son amant. L'amour et la volonté suffiront-ils à le ramener complètement auprès des siens ?# # # #
Ne t’arrête pas de parler est une histoire singulière. Une plongée dans le coma de Norris dont nous ne connaîtrons pas les origines (ce qui n'est pas forcément indispensable) et dans son quotidien, de ses premiers souvenirs jusqu'à ... ça je vous le laisse découvrir.
Un roman court, concis, précis et écrit presque d'une façon clinique ce qui semble tout à fait logique dans le contexte. Le lecteur devient, dès les premiers mots, le principal interlocuteur de No, le laissant exprimer dans un unique monologue (divisé en chapitre au fil des visites de son entourage) toute la difficulté à vivre ou subir son état. La forme est assez plaisante et originale, on apprend ainsi, par ce qu'il perçoit lors de ses périodes conscientes, à connaitre sa famille, son amour, son passé. On le découvre peu à peu, en même temps que lui redécouvre la notion du souvenir ou de la représentation qu'il se fait des autres.
Cet aspect clinique du roman a ses points forts et ses points faibles.
Des points forts car c'est précis et rapide, ça va à l'essentiel sans jamais avoir l'once d'une narration descriptive. On suit donc son lent réveil assez bien travaillé (si je peux me fier à ce que j'ai lu sur les témoignages post-coma) et on donne en même temps que lui une nouvelle conception à ces petites choses basiques. Ces sens qui ne sont plus que les derniers accès au monde auxquels Norris se raccroche avec logique. On réapprend comme lui à écouter et sans s'en rendre compte on écoute ses mots plus qu'on ne les lit. Le gros point fort, pour moi, est cet sorte d'hommage au monde médical et surtout celui des unités palliatives qui bien souvent doivent se blinder tout en restant, par le biais de ce personnel aléatoire, cet unique lien qui raccroche les blessés à la vie. Cette représentation de l'attente des familles et de leur incapacité parfois à gérer le silence d'un être aimé, parti on ne sait trop où, est aussi très forte et illustre parfaitement l'attente et le désespoir du moindre signe.
Des points faibles car à trop être clinique, le tout perd un peu d'émotion et je n'ai pas retrouvé ce sentiment de désespoir profond, d'impatience et de peur panique lorsque on se retrouve enfermé dans son propre corps. C'est abordé mais Norris semble le plus souvent de bonne humeur et l'ambiance de son enfermement est un peu trop légère à mon goût. La plume sobre mais classique ne parvient pas vraiment à me remuer les tripes et ce surtout dans la première partie. Les tentatives d'humour et de complicité avec le lecteur sont parfois de trop et si elles ne parviennent pas vraiment à m'amuser, elles diminuent d'autant plus la portée dramatique du récit. Peut-être que pour d'autres lecteurs au contraire, cet aspect là, sera une bouffée d'air pur au milieu d'un magma étouffant.
C'est sa relation à l'homme qui partage sa vie, Allen, qui parvient à réveiller cette narration trop sobre et à enfin lui donner cette touche émotionnelle qui manquait au départ. L'histoire est originale, très originale même et elle est porteuse mine de rien de beaucoup d'espoir et de prise de conscience sur cette facilité qu'on a de prendre tout pour acquis. Le récit d'une fracture dans le temps et de l'impact qui se répercute violemment sur tout un petit monde, d'un homme qui nous offre ses mots quand lui même ne vit que grâce à ceux qu'il entend chaque jour, chaque heure, chaque minute. L'histoire d'un homme perdu qui retrouve lentement son chemin, péniblement et pour une fois que ça ne passe pas par les péripéties habituelles aboutissant évidemment au happy-end et bien je reconnais que cela touche droit au but même si je ne parlerais pas de coup de cœur pour autant. Yop.
Merci à Reines-Beaux pour ce sp.
Vous le trouverez ici : Ne t'arrête pas de parler
Tags : Séverine balavoine, coma, soins palliatifs, reveil, accident, romance gay, reines-beaux, service presse, chronique livre
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