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Noah de Cara Dee
Déjà conquise par Cara Dee et sa façon bien à elle d'aborder des personnages aux histoires très sombres, je me suis donc jetée à bras raccourcis sur son Noah publié chez Juno Publishing en Avril 2019.
Le pitch:Vous êtes-vous déjà réveillé en vous attendant à voir le chaos partout ?
En quarante-huit heures, j’ai tout perdu. Je suis rentré chez moi pour trouver ma petite amie depuis quatre ans avec un autre homme. Le jour suivant, un accident d’avion m’a arraché ma famille, me brisant. À bien des égards, je suis mort aussi ce jour-là. L’homme qui aimait s’amuser, qui vivait à cent à l’heure, qui adorait sa carrière dans l’industrie cinématographique a disparu. À sa place, il ne restait que la coquille d’un homme de quarante ans, qui se noyait dans le fond d’une bouteille.
Une seule personne savait ce que je traversais. Le beau-fils de ma soeur, qui n’était pas dans l’avion. Julian savait aussi ce que c’était de perdre tous ceux qu’il aimait. Il avait arrêté de venir aux repas de famille alors qu’il était adolescent, alors je ne le connaissais pas très bien. Mais je lui ai dit lors du service commémoratif qu’il pouvait venir me rendre visite à L.A. quand il le voulait. Et un jour, il l’a fait, et je suppose que c’était un jour comme un autre pour commencer à ramasser les morceaux et voir ce qui restait de nous.
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Une fois de plus je ne suis pas déçue. Certes l'histoire est bien moins obscure que ses deux anciens volumes parus chez la même maison d'édition mais on y retrouve pourtant cette facette de jeux troubles sur un sujet pointilleux.
Noah, réalisateur reconnu, navigue dans une sphère cinématographique de succès et de réussite. Le ciel brille pour lui et son univers se partage entre amis, fiesta, tournages et cette facilité certaine que vous accordent l'argent et la renommée. Un beau jour, le monde s'effondre recouvrant l'horizon de nuages si épais que seul l'alcool et ses amis, devenus sa seule famille, parviennent à repousser momentanément.
Julian, son neveux par alliance, vit le même drame à des kilomètres de là. Un enterrement, des retrouvailles qui n'ont le gout que de l'inconnu et du chagrin et ces deux hommes de générations différentes se retrouvent à cohabiter pour partager peine, souvenirs et tentatives de reconstruction.
Alors, pour commencer, l'auteur à cette fois écrit sur une galerie de personnage plutôt chanceux à la base, des hommes et des femmes qui ont tout et plus encore. Le drame qui les confronte est bien évidemment terrible et on peut la remercier de n'avoir pas versé dans la déchéance totale pour passer d'un extrême à un autre. Les deux hommes, que bien des années séparent mais unis malgré eux par le lien familial, se découvrent d'abords à travers ce lien. La relation amoureuse par chance ne se construit pas à base de pulsions mais plutôt de jours qui s'égrènent à se soutenir et se motiver pour tracer un avenir propre à chacun.
Toute la délicatesse du sujet était de ne pas tomber dans une attraction physique qui défiait toutes les règles du tabou social et moral de chacun des personnages. Et en cela, Cara Dee touche à son but. C'est plutôt amené avec sensibilité et parcimonie, et on finit par voir un rapprochement construit sur la connaissance de l'autre, sur la douleur qui rapproche, sur les similitudes qui vous regroupent. Somme toute, une relation presque évidente. L'auteure parvient à peu près à effleurer tous les écueils prévus par sa thématique sans en omettre aucun du plus simple au plus évident.L'histoire de ses deux hommes donc, suit son cours avec logique, sans incohérence et avec un certain doigté. Le panel de personnage permet d'aborder d'autres sous thèmes plus diffus comme la différence d'âge dans les couples, l'influence professionnelle et ses avantages, la vie privilégiée du côté people, les inconvénients de la surmédiatisation. Il nous donne aussi, comme dans dans une production hollywoodienne classique, son duo de méchant un peu facile (cette brave Emma porte sur les épaules tout le poids du mensonge et de la traîtrise faite femme) et surtout sans nuances ce qui est dommage.
En ce qui me concerne, et c'est au bout du compte pas si souvent, c'est le traitement des scènes de sexe que je mettrais en avant. L'auteure a su faire de ces moments des épisodes très chauds, très sensuels et surtout rondement menés. Point d'abus par le nombre, une certaine sobriété par moments et de la luxure totale à d'autres; le sexe garde cette saveur purement romanesque parfaitement incluse dans de l'explicite sans vulgarité. Et on y retrouve alors toute la façon d'écrire qui m'avait totalement séduite dans ses autres romans.
Un roman qui ne sera clairement pas mon préféré chez cette auteure mais, qui comme ce que j'ai lu d'elle jusqu'ici, est un moment doux /amer où la plume et le style finissent toujours malgré tout par nous atteindre très vite. Yop.
Vous le trouverez ici : Noah
Tags : Cara Dee, noah, juno publishing, deuil, oncle, neveu, tabou familial, dépression, cinéma, réalisation, scénario, mm, romance gay
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