• Encore un détour western chez Mix Editions avec La colline de l'oubli d'Eve Terrellon, sa magnifique couverture et sa fantastique Chumani.


    La colline de l'oubli - Eve Terrellon Le pitch: 

    John ne connaît rien d’autre que la ferme de ses parents où il a toujours vécu. Elevé au sein d’une communauté rigoriste, il sait cependant qu’existe davantage que le christianisme étroit et conquérant de son oncle, depuis qu’il a découvert, adolescent, la présence d’Indiens sioux sur ses terres. L’un d’eux, encore enfant, l’a particulièrement marqué etn’a jamais oublié son nom : Mahpee...

    Des années plus tard, sa sœur est secourue par une Indienne qui se présente à lui sous le nom de Chumani. Sa ressemblance avec le petit garçon d’autrefois est troublante. Plus troublante encore est la haine que semblent lui porter l’oncle de John, ainsi qu’une partie de la communauté blanche. Partagé entre sa famille, son éducation et son sens moral, John finit par s’attacher à Chumani malgré les avertissements. Mais est-il prêt à entendre la vérité, toute la vérité ?

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    La colline de l'oubli ou comment aborder la thématique homosexuelle entre sioux et cow-boys avec une grande sensibilité et un certain savoir faire.
    Un roman qu'on ne situera pas dans un western épique mais plutôt intimiste et introspectif. Des personnages simples et à la fois en corrélation avec leur époque servis par un récit qui met en exergue les valeurs morales, les croyances et les coutumes de plusieurs ethnies. C'est un delta où se croisent, se rejoignent ou se séparent des idées toutes faites sur l'autre, sur ce que doit être le couple, l'amour et la vie.

    John, fermier aux petits soins pour sa famille, n'a jamais oublié ces yeux couleurs de ciel qu'il a croisé un jour. Des yeux qui lui avaient déjà beaucoup parlé sans qu'il en ait même pris conscience, un ciel bleu qui a modelé à son insu ses aspirations amoureuses et qui avait déjà capturé une certaine partie de son âme. Quand Chumani apparaît c'est un curieux mélange de déjà vu et d'attraction nouvelle qui se dessine alors pour John.
    Comprendre, admettre et accepter ce que la culture de celui-ci réfute en bloc est un long chemin qu'il effectue avec toute la bonté qui le caractérise. Car dans un univers dit rude, John est un personnage sensible et presque féminin dans sa psyché d'une certaine façon, son mode de vie est sommaire et entièrement dévoué à sa ferme mais il présente une maturité émotionnelle si fine et si ouverte qu'on ne voit pas du tout en lui le cow-boy rustre habituel.

    Chumani est une lumière à elle seule, la lueur qui éclaire sa tribu aussi bien par sa présence que ses savoirs, la lueur qui permet à ceux qu'elle aide de trouver un chemin malgré leur particularité, la lueur d'une représentante d'un monde, d'une idée, d'un genre et d'une spiritualité. Femme à 100% dans son cœur et dans son âme, son enveloppe originelle n'est pour elle qu'un tremplin à son accomplissement et à son coté guerrier qu'elle confronte avec plaisir à la sensibilité de John. Un tremplin que l’auteure nous décrit avec passion en prenant soin de nous livrer un peu partout tout un travail historique sur les perceptions sioux qu'elle a su restituer avec facilité pour ne pas étouffer sa narration. Et le résultat est passionnant, vivant et tellement frappant en même temps comme peuvent l’être toutes les histoires baignées dans ces génocides aveugles que l'histoire nous montre comme de simples colonisations. 

    La colline de l'oubli est une belle romance, très belle même. Toute en douceur (même si l’action n'y ménage pas sa peine), amenée avec la finesse d'une plume dédiée au passé, elle nous plonge dans ce couple terriblement attractif et dans une vie de famille pas si évidente pour John. Il lui faut faire avec les préjugés des siens, admettre qu'il aime malgré des gens dont il ne supporte plus la bêtise ou l'intolérance juste parce que ce sont les siens. Il lui faut se battre contre lui-même et défier ses croyances si profondément acquises. Pour elle, il faut faire avec le souvenir d'un peuple agresseur qui a mutilé sa civilisation et qui en muselle le peu qui reste, faire accepter aux siens que fuir avec son aimé pour cacher ce que l'on est, est parfois indispensable à son bonheur sans que la honte de son essence propre ne soit remise en cause. 

    Eve Terrellon esquisse avec talent tout un petit monde autour de la grande histoire de l’Amérique, avec une succession de personnages plus ou moins présents, qui tracent chacun un des sentiers de cette histoire: le puritanisme, la maladie, l’appât du gain, l'industrie naissante, la vie des plaines, l'immigration et ses déconvenues... et surtout le monde de demain qui se profile inexorablement. La grand-mère, l'oncle, les sœurs, les amis/es, tous, tour à tour servent à dessiner un monde et une ambiance plus qu'à mettre en valeur un couple central. Ils sont tous aussi caricaturaux que cela peut être nécessaire pour un roman mais aussi sensibles et amochés, autoritaires malgré leur bon cœur, surprenants alors que mauvais, tous nous prouvent que les frontières ne sont jamais aussi nettes que ce qu'elles paraissent.

    Alors j'y ai trouvé quelques défauts (sinon je ne mériterais pas mon scalp), comme une extrême compréhension des choses qui me surprend pour une époque très dure et surtout très étouffée par la religion. Je pourrais aussi peut-être reprocher à John un petit coté mou, voir naïf et surtout une répétition des schémas de scénario avec les différentes agressions de Chumani. Rien de bien grave en soit mais faut bien qu'il y ait des mais vu que je suis pas payée (je lol hein pas besoin de crier au scandale !!)

    Ces quelques défauts ne sont rien en comparaison de son gros point fort c'est à dire son sens de la narration et sa plume! Eve Terrellon en une phrase vous balance dialogue, décors, ambiance et émotions sans même qu'on s'en aperçoive, elle a un sens du mot vivant qui vous enchaîne des le premier instant et ce dans une histoire où les embûches sont légion.
    La colline de l'oubli c'est aussi l'histoire de deux cultures qui se croisent et dont l'une ne sort pas indemne, l'histoire du pouvoir qui domine et assujettit toute l’âme d'un peuple pour n'en faire que des survivants et ce juste par sa propre manière de vivre, sa vision limitée des autres.
    C'est le récit de l'un de ses peuples a qui on a tout arraché car le feu de certains parlait plus vite que le murmure d'un ruisseau. Un formidable plongeon dans une histoire d'amour vrai au sein d'une époque où les rails nouveaux vous guident vers la croisée des peuples, des croyances, des nouveaux chevaux et du déclin malheureux d'une spiritualité humaniste au bénéfice d'un monde "meilleur". 

    Si vous voulez vous perdre un moment dans une belle histoire d'amour, des décors, du rêve et un peu d'Histoire La colline de l'oubli c'est pour vous! Yop

                                                                           

    La colline de l'oubli - Eve Terrellon

     


    Vous le trouverez ici : La colline de l'oubli
      

     

     

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  • Blue Sky Complex tome 3 de Kei Ichikawa

    Éditions : Hana Collection / Boy's Love

    Sortie : 05 Novembre 2018

    Après tout ce temps passé ensemble, Narasaki et Terashima se comprennent de mieux en mieux sans avoir besoin de se parler. Mais qui dit dernière année de lycée dit grandes décisions à venir. Que faire à la rentrée? Quelle université choisir?

    Narasaki sait qu'il veut rester aux côtés de Terashima et lui propose d'emménager avec lui en Septembre....malheureusement la réponse qu'il reçoit n'est pas celle qu'il espérait!

    Nos deux héros quittent petit à petit l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte, avec toutes les décisions importantes que ça implique. Ne manquez surtout pas le dénouement de leur belle histoire!

     

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    Blue Sky Complex tome 3 de Kei Ichikawa

    Retrouver Narasaki et Terashima dans cet ultime tome était très attendu de mon côté depuis des semaines. Ils sont tous les deux en dernière année, l'année des examens, l'année des choix pour le futur, l'année de la fin de l'adolescence. Narasaki essaie de suivre les pas de son grand-frère et d'entrer dans une université prestigieuse.

    Blue Sky Complex tome 3 de Kei Ichikawa

    Mais il hésite encore beaucoup parce qu'il aimerait d'une part que Terashima le suive et d'autre part que sa mère ne soit pas seule pour élever ses turbulents petits frères jumeaux. Va commencer pour lui une longue période d'interrogation teintée d'envie et de frustration.

    Blue Sky Complex tome 3 de Kei Ichikawa

    De son côté, Terashima, ayant envie d'impressionner son petit ami, remonte sa moyenne, et même si l'avenir lui sourit plus qu'avant, il se pose tout un tas de questions. Les deux garçons vont apprendre à se connaître.

    Blue Sky Complex tome 3 de Kei Ichikawa

    Final tout en douceur, en inquiétude et questionnement pour cette trilogie sur le thème du premier amour hors des sentiers battus. On découvre un peu plus de leur personnalité, on observe leur affection sincère se transformer en amour.

    Blue Sky Complex tome 3 de Kei Ichikawa

    Les graphismes sont toujours aussi beaux, je suis vraiment tombée sous le charme du coup de crayon de la mangaka. Elle arrive à retranscrire les émotions de ses héros surtout pour Terashima. Je ne sais pas pourquoi mais je le trouve tellement plus expressif que Narasaki. On le découvre avec sa sensibilité accrue, le regard soit énamouré, soit aux bords des larmes, soit rougissant... La façon de construire ce récit en alternant d'un personnage à l'autre se fait tout de même plus souvent dans les romans que les mangas, mais là ça rend l'histoire plus authentique et addictive.

    L'histoire -somme toute banale- de deux adolescents qui espèrent que leurs liens ne changeront jamais,avec l'espérance que le premier amour restera partagé, intense et éternel. Ça nous fait replonger dans une période par laquelle nous sommes tous plus ou moins passées dans la vraie vie. Les questions et les réponses n'étaient  pas toujours celles attendues ou désirées entrainant joie ou blessures. Il y a un petit quelque chose dans cette trilogie qui fait qu'on accroche vraiment à cette tranche de vie sincère et toute douce, qui est à découvrir absolument. Rose Taylor

     

     

    Vous le trouverez ici :  Blue Sky Complex - Tome 03

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  • Un voyage étrange entre onirisme, parcours initiatique et mythologie religieuse écrit par Nocmyst et publié chez Homoromance en décembre 2018. 

    Le rien éternel de NocMystLe pitch: Matoé est un jeune homme en conflit avec lui-même. Lors d'une journée, il va enchaîner les bourdes, ce qu'il le mènera dans les bras d'un ami proche. Une pensée morbide née dans son cœur. Puis, une semaine plus tard, un chat noir apparaît au seuil de sa porte. D'ici, l'histoire prend un nouveau tournant. Après avoir repoussé Philéas, son ami, une crise cardiaque va le plonger hors de son corps. Un être singulier va le mener jusqu'au purgatoire : première étape pour accéder à la mort. Loin de la vie, Matoé va devoir revivre des scènes d'un passé oublié. Il va se confronté à lui-même, pour enfin comprendre ce qu'il avait mené à repousser Philéas. Étape après étape, Matéo va renaître et accepter son déni, jusqu'à tomber dans Thanatos izanami : nomination du territoire des morts.

     

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    Un récit surprenant, à des kilomètres de la romance mm qui nous présente le parcours de mort d'un jeune héros parti dans les limbes des autres mondes de Gaïa.

    Un jeune homme un peu perdu de son vivant qui, au milieu de ses doutes, finit par croiser ce qui pourrait être son vrai amour mais qu'il laisse en suspend pris dans le tourment des peurs et des questions. Phyleas, cet autre homme qui semble parfait et dont il ignorait etre épris jusqu'à ce jour lui permet au même moment de découvrir son vrai moi, l'amour et la mort. Un parcours initiatique bien écrit, avec un style plaisant, créatif, qui fait la part belle aux effets de décors et qui scénarise très bien les lieux et les événements pour nous faire glisser de monde en monde, d'oubli en découverte.

    Une première partie réussie, nous emportant sur les questions et les mises en situation, qui nous inquiète tout autant qu'elle suggère. Un défilé de mondes successifs après la vie qui prête à découvrir à la fois l'imaginaire  très lyrique, et même parfois poétique, de l'auteur et le passé de son héros resté jusque là assez intemporel presque sans visage. Un début de voyage parfois angoissant parfois simplement chatoyant qui fait son petit effet c'est à dire nous garder captif du fil rouge. Un peu de mystère, quelques éléments inspirés du monde artistique de Matoé, d'autres directement tirés de nos croyances humaines et voilà déjà les quelques indices qui nous guident doucement sur le chemin futur du héros pour observer sa destinée encore incertaine.

    La deuxième partie en revanche perd son souffle à force de déshumanisation et d'insensibilisation du héros au monde des vivants. La logique et la cohérence ne sont pas en cause mais à perdre ses souvenirs, ses émotions, ses peurs et ses traumas, le personnage devient un peu comme une âme errante qui ne saurait pas trop où elle va. Le lecteur se retrouve donc un peu perdu dans un univers certes parlant et fort bien décrit mais quelque peu flou et sans réelle direction. On se retrouve donc sans le voir venir sur un épilogue qui clos le sujet sans que l'on ait l'impression  d'avoir eu notre compte. Cette seconde partie aurait grandement mérité  un peu plus d'âme et de justification pour qu'on lui trouve le même intérêt que la première. C'est dommage car le format court,  le style jeune  et sympathique permettent une lecture appréciable d'un univers visiblement assez riche mais pas assez porteur du but de l'auteur.

    Je ne suis pas une grande fan de la fantasy ou de l'onirisme et mes portes de la perception s'arrêtent aux quelques notions de voyages chamaniques lues ici ou là, je ne suis donc peut être pas le meilleur public pour ce type d'écrit. On peut cependant allouer à son auteur son originalité, sa réelle capacité à créer une ambiance poétique, particulière et lui souhaiter de trouver la maturité nécessaire pour exprimer avec plus de précision ses objectifs. Un récit à découvrir si l'on  souhaite s’échapper un peu de la romance traditionnelle car on en est clairement très loin et découvrir une ambiance beaucoup plus mystique accompagnée d'une douce musique de mots toute en couleur. Yop.

                                                                            

    Le rien éternel de NocMyst

                                                       

     

    Vous le trouverez ici : Le rien éternel
     

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  • 4 ème tome d'une saga consacrée au hockey, Cage vide d'Avon Gale publié par Juno Publishing en janvier 2018 est un pur moment de MM comme on les aime quand on est addict.


     Cage vide: Une chance de marquer #4 d'Avon GaleLe pitch: 

    Gardien de but et capitaine des Spitfires de Spartanburg, Isaac Drake a terminé la saison dernière avec un passage inattendu aux play-offs. Il a trouvé une maison et une famille avec son coach et mentor, Misha Samarin, et il a hâte de faire une sérieuse tentative pour la Kelly cup. Mais les choses prennent une tournure intéressante lorsque son némésis, Laurent St. Savoy, est échangé chez les Spitfires. Après le comportement méprisable de ce dernier lors des play-offs l’année précédente, Isaac ne veut rien avoir à faire avec lui – aussi séduisant soit-il. Mais cela change lorsqu’il découvre la raison de l’attitude de Laurent.

    Laurent St. Savoy est le fils unique d’un légendaire gardien de but de la LNH élevé au sein d’une maisonnée remplie d’abus. Il est constamment traité comme une déception, sur et en dehors de la glace. Lorsqu’une tentative désespérée d’échapper à la tyrannie de son père l’envoie chez les Spitfires, la dernière chose que Laurent souhaite est de se faire des amis. Mais il y a quelque chose à propos d’Isaac Drake auquel il ne peut pas résister. Laurent a la possibilité d’explorer sa sexualité pour la première fois, mais il craque sous la pression de la fin de la saison. Face aux play-offs et à une rivalité qui se transforme en vendetta personnelle, Isaac n’est pas certain d’être suffisant pour conserver Laurent – ou leur relation.


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    Du sport, de la sueur, des sentiments à fleur de peau et des hommes chaud-patate voila de quoi vous faire passer un très bon moment de lecture gay.
    Isaac Drake est l'archétype du sportif gay accompli après un passé difficile mais assumé, un passé  évoqué  de manière assez douce qui ne l'écrase pas sous l'idée de la souffrance mais le symbolise plutôt sous l'image de l'avènement de soi. Capitaine et gardien de son équipe, il doit faire avec le nouveau gardien remplaçant et ancien ennemi, Laurent St Savoy, un homme froid et aux apparences aussi cruelles que désagréables. Porté par sa force intérieure et son entourage proche, Drake parvient à garder ses limites avec un Laurent qui se montre aussi homophobe qu'agressif.
    Laurent de son côté, est un homme détruit depuis l'enfance par un père violent et pervers narcissique, un homme qui ne l'a dressé qu'à la violence, la honte de lui même et l'attente désespérée d'une affection et d'une reconnaissance qui ne viendront jamais. Marqué au fer rouge aussi bien physiquement que psychologiquement, c'est un personnage prenant auquel on s'attache très vite malgré ses dehors repoussants. Un homme tout en silences meurtris, en larmes contenues qui ne demandait qu'à se confronter à un joueur percé et aux cheveux teintés  pour enfin se révéler à lui même.

    Il est vrai que la thématique des passés douloureux qui se rencontrent pour mieux se redéfinir est assez éculée mais force est de reconnaître qu'ici elle marche une fois de plus très bien. La psyché de Saint est bien définie, à la fois suffisamment précise pour être parlante et à la fois discrètement décrite pour ne pas etre lourde comme un linceul repeint d'émotions  grandiloquentes. Son passé est difficile et hautement toxique, assez dur pour provoquer des troubles du comportement que l'on cantonne trop facilement aux femmes ou aux adolescents. Et c'est  un point que l'auteur  aborde avec pas mal de finesse au bout du compte, une imagerie  de la thérapie, des efforts qu'elle demande et de ses résultats bien mis en avant et qui ne tombe pas dans les solutions toutes faites ou miraculeuses. 

    Je dois dire que j'aime ces auteurs qui tendent de plus en plus à évoquer les histoires de genres, de normalités sexuelles ou de natures comme ici la demi sexualité de Laurent et de les fondre enfin dans des décors littéraires, à les sortir des "extras" pour en faire quelque chose de simple, de courant et d'accepté. C'est, à mon sens, et même si ça ne fait pas tout le job sociétal pour autant, avec ce type de banalisation qu'on parviendra peut-être à cesser de voir se chercher dans la crainte ou se justifier tous les types de sexualité non officiellement reconnus. Le sujet est ici sobrement et sommairement évoqué, il est juste traité comme un fait plutôt qu'un thème à proprement parlé.
    La traduction est plus que correcte, en tout cas suffisamment pour ne pas s'arrêter pour la juger et elle permet la lecture confort d'un  roman qui répond  à tous les critères d'exigence  d'un  bon MM.

    Un moment très agréable avec une dose de sensualité parfaitement maîtrisée (pas de scènes de sexe à répétitions avec ces phrases toutes copiées collées), des petites touches d'humour, parsemées ici ou là, pour une histoire simple en plus d'un  petit plongeon éducatif dans le monde du hockey que visiblement l'auteur semble très bien connaître. Aucune raison de bouder son plaisir mais plutôt tous les alibis possibles pour se lancer dans ce roman mi-doux mi-dur et re-mi-doux pour finir !! Yop.
    Merci à Juno Publishing pour ce sp.

                                                                             

     Cage vide: Une chance de marquer #4 d'Avon Gale

     

    Vous le trouverez ici :Cage vide

     

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  • Without You de Kaya.C

    Amaury jeune trentenaire est seul à New York. Il se souvient des années qui viennent de s'écouler et de celui qui a marqué sa vie à jamais. Il avait tout, l'amour, l'argent, le succès, et un jour tout a basculé. Les portes de l'enfer se sont ouvertes et l'ont laissé brisé. Quel sera son futur ? Comment surmonter l'insurmontable ? Pourra t'il se relever après une telle épreuve ?
    La vie va t'elle mettre sur sa route la solution à ses tourments, et lui donner la famille dont il rêve et l'amour qui pansera ses blessures ? A travers sa fuite pour se reconstruire, cette promesse de futur qu'il ne peut trahir. Cette envie de recommencer et de peut être ouvrir à nouveau son cœur, il nous montre le chemin vers un autre futur. L'amour est toujours plus fort et triomphe de toutes les épreuves que le destin avait envoyé.

     

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    A la lecture du résumé, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, j'avais beaucoup d'appréhension tant j'avais peur d’être bouleversée. Et c'est bien ce qui c'est passé, plein de peine, des tonnes de larmes, des rires, du bonheur : un savant maelström d'émotions qui m'ont empêché de dormir . Lu d'une traite quasiment, pour apprendre à découvrir Amaury et son parcours du combattant face aux amours de sa vie.

    Amaury et Eden s'aiment depuis dix d'un amour fou, passionnel, fusionnel que rien ne peut égratigner sauf un terrible accident qui va faire basculer leur vie. Ils vont devoir lutter pour affronter la souffrance, au rejet de soi, au deuil, à tous ces sentiments qui font la trame d'une existence. Toute la première partie du livre est un hymne à l'amour, l'amour que les deux jeunes hommes se portent mutuellement, la passion bouleversante qu'ils ont vécu avant mais aussi après l'accident. Amaury affronte le pire comme le meilleur de la vie, on a même du mal à comprendre comment il arrive à survivre à ce tas de malheurs qui le percute de plein fouet. Pour Eden, c'est la même chose, lui qu'on imagine tellement grand, beau, fort se retrouve tellement diminué, fragile, enfermé en lui-même mais aussi si attentionné, altruiste que cela nous ramène face à la réalité de la vie, on en prend plein la tête et le cœur. 

    Amaury affronte ses démons avec une descente aux enfers monumentale, on le suit dans les affres de la colère, du dégoût de soi, de l'auto-destruction jusqu'au déclic et à sa remontée hors de l'eau pour chercher à combler le vide de sa vie. Va ainsi apparaître Sullivan dont le parcours est semé d'autant d'embûches différentes mais toutes aussi destructrices - Sullivan qui va se jeter à cœur perdu dans une passion dont il ne sait pas s'il y survivra, une passion qui l'obsède et le fait tellement culpabiliser. Franchement, on attend avec impatience le moment où enfin le bonheur, la tranquillité, l'amour vont enfin s'asseoir durablement dans chacune des vies d'Amaury, de Sullivan et de tous leurs proches.

    L'auteure a une plume émouvante, décrivant des sentiments forts qui m'ont bouleversé, des situations qui m'ont fait pleurer. Elle relate des événements de vie -comme le handicap- qui m'ont beaucoup parlé ( qui parleront sûrement à tous les gens qui y sont confronté ) et qui nous remettent vite sur les rails d'une vie qui n'est pas que paillettes et cotillons. On ressent comme une sorte de malaise en lisant le long déclin d'Eden et par extension celui d'Amaury. Le savoir c'est déjà quelque chose de lourd mais le vivre au travers des yeux de l'être aimé est bien plus fort. Sullivan, hélas ne sera pas en reste quant à son lot de souffrances physiques et psychiques. Ce livre est un hymne à l'amour au-delà des écueils que la vie envoie: le deuil, le handicap, les violences...l'amour avec un grand A mais aussi le familial, le filial, l'amical qui parsème les vies de chacun.

    Mon premier énorme coup de cœur pour ce début d'année. Rose Taylor

    Merci à Kaya.C pour ce SP.

     

     Vous le trouverez ici ; Without You
     

     

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  • Un roman qui porte très bien son titre puisque la totalité des rapports est en effet basée sur cet aspect. Rapports de force de Benjamin Schneid publié chez Textes Gais en 2010 est tout de même un récit surprenant qui surfe sur pas mal de tendances diverses et qui parvient cependant à en éviter les limites et les écueils. 


    Rapports de forces de Benjamin SchneidLe pitch:

     Alex préfère les amours d’un soir, ce n‘est pas vraiment un sentimental. Lukas, un garçon désorienté, s‘impose pourtant dans sa vie. Leur complicité évolue rapidement en de véritables rapports de force.

    Theo partage la vie de Conny dans une relation libre. Le fantasme de celle-ci : avoir deux hommes dans son lit, dont... Theo.

    Ce dernier finit par chercher conseil auprès de son ami Alex.

     

                                     °°°°
     

    Le point fort est incontestablement sa structure : des débuts de chapitres avec des dialogues/suspens qui laissent peu à peu deviner aussi bien le passé de l'un  des personnages principaux que sa personnalité pas si évidente dans le récit. De petits moments de tendresse sourde qui tranchent carrément avec le reste du roman et nous pousse sans cesse à vouloir connaitre le fin mot de cette histoire.

    Alex semble être un homme détaché, adepte des plans culs réguliers mais fidèles, et surtout pas intéressé par une vraie relation. Sa rencontre avec Lukas bouleverse beaucoup de choses chez l'un comme chez l'autre et entraîne  le lecteur dans des passages très difficiles, tout autant que leurs rapports, que l'on pourrait un peu vite, à tort ou à raison, comparer à de la Dark romance. C'est assez troublant car ce n'est typiquement pas le genre de roman qui pousse le lecteur à s'attacher à ses personnages mais plutôt à la curiosité et l'envie de savoir comment tout cela va finir. 
    Alex a une personnalité probablement aussi trouble que son comparse Lukas même si c'est  plus évident chez ce dernier. Aucun ne semble avoir réellement d'ascendance sur l'autre mais les deux jeunes hommes paraissent très vites noyés dans une attraction destructrice dont ils n'ont pas vraiment conscience. Laisser les choses venir sans jamais leur donner de nom, vivre une histoire sans jamais partager quoique ce soit vraiment et surtout ne pas laisser remonter en surface tout ce qui perturbe chacun d'eux. La violence de Lukas s'accorde  au désœuvrement  d'Alex et sa certaine nonchalance jusqu'à que certaines limites réveillent enfin Alex sur l'impossibilité pour eux de construire quoi que ce soit.

    En parallèle, c'est l'histoire de Théodore, en couple libre depuis longtemps avec la belle Conny, qui se profile avec leurs tentatives toujours plus nombreuses de vivre ensemble et chacun de leur côté en même temps. Une formule qui semble plutôt bien fonctionner pour l'un comme pour l'autre jusqu'à ce que l'idée d'une soirée à trois se dessine dans l'esprit libertin de la jeune femme. Le troisième perturbe énormément le jeune cycliste et remet en cause ses certitudes sur sa sexualité. Rien d’époustouflant de ce côté là, on est même un peu déçu que les choses ne s'y développent pas plus et j'ai eu un peu de mal à cerner l'utilité de cette interaction si ce n'était  pour donner plus de corps à une galerie de personnages secondaires. La problématique étant  de traiter avec autant d'importance cette histoire que la première sans qu'elle prenne vraiment toute son envergure et qu'au final elle nous laisse avec un goût d'inachevé.

    Le roman, si on ne s’arrête pas à sa couverture, est pourvu d'une plume simple mais nerveuse qui oscille entre les mots crus d'une sexualité violente et les passages plus doux d'une recherche propre, d'un deuil du souvenir ou de l'expression enfin libérée de ses attentes. Il révèle une vraie capacité à enchaîner son lecteur dans un contexte pas forcément évident et pas toujours en accord avec les codes roses de la romance mais est-ce vraiment une romance plus qu'une tranche de vie au bout du compte? 
    Alex est assurément un héros un peu hors cadres, se laissant aller à naviguer entre plusieurs  schémas de personnages et qui finit par rejoindre la rive d'une vie plus équilibrée pour nous offrir une fin plus facile. Une fin plus en concordance avec les intros de chapitres et le climat assez lourd du début. Un roman qui réussit à établir même un rapport de force avec son lecteur celui d'y adhérer ou pas. Dans mon cas ça a fonctionné. Yop.

     

                                                                         

    Rapports de forces de Benjamin Schneid

     

    Vous le trouverez ici : Rapports de forces

     

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  • Je n'ai  pas eu a attendre longtemps cette année pour découvrir ma première petite claque avec Sacha Stellie et son Ailleurs c'est  forcément  mieux  publié en mars 2018.


    Ailleurs, c'est  forcément  mieux de Sacha StellieLe pitch :
     Je m’appelle Charles, j’ai trente-neuf ans.

    Je suis ce que certains aiment à qualifier de cynique. Un personnage outrecuidant, ostentatoire, qui fait semblant de sourire au monde, surtout aux femmes, qui a la débauche facile et le travail exigeant. J’avance ainsi dans la vie, sans encombre, avec le désavantage de ceux qui ont une belle gueule, un charisme claquant et un humour acerbe. Je suis donc aux yeux de tous ce cynique mondain qui a réussi.
    En réalité, je suis tout simplement un sale type.
    Un sale type brinquebalant, qui ne profite jamais de rien à cause de cette pathologie nauséabonde qui consiste à penser qu’ailleurs, c’est forcément mieux. 
    Un mec qui ne vit pas parce qu’il attend quelque chose qui ne vient pas sans même savoir ce que c’est. Un sinistre individu qui écrase les gens de ses lourdes convictions, de cette détestable assurance, de son désir obsessionnel de rentabilité et de son manque viscéral de disponibilité. Un personnage égocentrique qui n’éprouve de réelle affection que pour la pierre tombale de sa mère. Un pauvre drille qui aime gagner et amasser de l’argent mais que tout l’or du monde ne parviendrait pas à rendre heureux.
    Un sale con en somme, mais un con lucide. »


                                                              " " " " "


    Ou comment tomber sous le charme du parfait connard ! Charles Bailly s'ennuie, alors il méprise, rebute, rembarre et juge le petit monde autour de lui. Sa femme, parfaite même à ses yeux, et sa vie financièrement réussie ne suffisent pas à le sortir de sa léthargie lentement installée depuis le décès de sa mère.
    Un nouveau voisin débarque avec son gosse et son monde est bouleversé, un monde blindé de préjugés, de certitudes et de croyances construites sur son écœurement des autres. Charles ouvre les yeux, découvre le soleil et sa chaleur sur la peau, la caresse d'une conversation et le troublant mystère d'une "amoureuse" anonyme qui percute son inertie. Adriano, le charmant voisin dessine avec son fils un nouveau monde, une nouvelle  vision, une nouvelle culture, une autre approche des autres. Charles observe, espère et attend beaucoup de cette amoureuse lettrée et cachée, il partage ses espoirs et ses craintes avec Adriano toujours partant pour l'aider.

    Un roman délicieux et truculent avec un personnage de premier ordre. Un acariâtre, revenu de tout, qui envoie bouler tout son entourage sans jamais prendre de gants, bref un salaud, un connard mais attention le connard qui fait ça rudement bien. C'est impossible de ne pas s'attacher à lui, de ne pas partager la moitié de ses désillusions et de son dégoût critique des petites vicissitudes de notre société. Son regard caustique, ultra caustique, sur les autres est un vrai bonheur pour le lecteur car de ses amis à ses employés, de sa femme et ses artistes à son idée de la vie, tout est dit avec un humour acide et corrosif, une jouissance de la moquerie qui nous fait ricaner comme des buses tout le long du livre. Un roman complètement porté par son personnage acerbe et la plume talentueuse de son auteure qui en plus de satisfaire mon ironie personnelle m'a ravie le cœur.

    Une exploration dans l’œdipe conscient et avéré d'un homme qui ne se cache rien et qui du coup ne cache pas sa rancœur aux autres, un être blessé par une épreuve somme toute presque banale mais qui n'a pas su retrouver l'éclat perdu dans ceux qui l'entoure. Un homme lucide qui sait la souffrance qu'il impose mais qui sait aussi que les jeux se jouent à deux ou plus, que lui seul n'a pas réellement le pouvoir unique sur les autres et qui attend "celle" qui par magie a su le voir et faire sortir le meilleur de lui même. 

    Une fin comme on les aime, tranquille et romantique pour un roman délicieux sur le coming out d'un connard en homme bien qui retrouve le sourire  et la joie de vivre. Yop.



    Citation:
    — A présent, commençons, invité-je Violette à démarrer le diaporama. On tourne le premier film dans un abattoir, c’est bien ce que nous avons convenu ? Eléa, notez tout ce qui vous semble intéressant, je vous prie, vous serez en charge de cette première partie. Et je vois le beau visage se décomposer et se vider de son sang. Rien que le mot abattoir a suffi. Une grande brindille comme ça, à tous les coups, c’est végétarien. Alors, Barjavel, on se la ramène moins, hein ?

                                                            

    Ailleurs, c'est  forcément  mieux de Sacha Stellie

     

    Vous le trouverez ici : Ailleurs, c'est forcément mieux

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  • Un petit moment assez court mais très chaud avec  Derrière son objectif de Beth Michele publié  chez Juno Publishing en Mai 2018. Un petit récit de 95 pages plaisant qui même s'il n'apporte rien de neuf nous permettra de faire agréablement un trajet en train par ex (et ouais j'aime bien prévoir mes trajets et mes durées de lectures en conséquent, qui a dit que j'étais une maniaque?).

    Derrière  son objectif de Beth MicheleLe pitch: 

    Parfois, la vie prend un virage à 180 degrés.
    Jake Donovan est le mien.

    C’était censé n’arriver qu’une seule fois. Un cadeau d’anniversaire pour la séduisante Willow.

    Il n’était pas censé avoir cet effet sur moi. Mais il l’a eu.
    Il n’était pas censé me consumer. Mais il l’a fait.
    Il n’était pas censé me toucher à des endroits qu’aucun autre homme n’avait touchés auparavant. Mais il l’a fait.

     

                                         #  #  #


    Un gay for you assez convenu dans son style et sa plume, qui n'offre rien d'extraordinaire si ce n'est un joli moment de lecture assez chaud avec Sean et Colt . Colt qui a failli embaucher Sean pour une partie à trois avec sa girlfriend du moment.
    Colt flashe très vite sur le joli monsieur, qui semble bien plus mûr que son âge réel et cela parait d'ailleurs étrange tant on lui donne plus facilement la trentaine bien entamée que 25 ans, et décide finalement de le garder pour lui tout seul. Sean se montre insistant dès le départ et percute de plein fouet les désirs de Colt et ses certitudes sur sa sexualité. Le tout se joue très vite vu le format, c'est assez habile pour une romance très sexe, suffisamment pour laisser éclore des petits moments introspectifs et d'autres plus tournés sur la tension amoureuse même  si celle ci arrive un poil trop rapidement. Et bien sur comme d'habitude on se plaint de ne pas en avoir eu assez et d'avoir juste le sentiment d’effleurer le thème.

    On obtient au final une novella classique mais plaisante, avec une de ces histoires sans prétentions qui finalise parfaitement ses objectifs malgré une traduction par moment un peu légère mais au moins sans grosses failles. Un moment de chaleur, de romantisme qui comblera  les attentes  des addicts de...romantisme et de chaleur tout simplement. Yop

    Vous le trouverez ici: Derrière son objectif
      

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  • Le dernier roman de Pa Farouche (ce pseudo me fera toujours kiffer) Le choix d'Idrissa publié fin 2018 nous permet une fois de plus de partir à la découverte de sa plume rafraîchissante.

    Le choix d'Idrissa de Pa Farouche/ Lorys VLe pitch:

    Je n’avais pas très envie de rejoindre pour quelques jours ce vieux politicien et sa famille dans leur luxueuse villégiature en bord de mer. L’idée de réaliser ce reportage photo pour un magazine m’ennuyait. Pourtant, depuis que je suis arrivé je dois bien avouer que ce job a priori insipide m’émeut et… comment dire… me bouleverse !

    Il y a un garçon étrange ici, étonnamment silencieux et mélancolique. Il m’a suffi d’un regard pour en tomber complètement amoureux. Mais tout semble si compliqué… Il est tenaillé dans une relation malsaine, où se mêlent hypocrisie, machisme et racisme. Il souffre. Il serait tellement mieux avec moi, j’en suis sûr. Je pourrais lui offrir un véritable amour et l’aider à s’épanouir. Mais comment aider Idrissa à faire le bon choix ? Pourquoi est-il si difficile parfois d’aller vers l’amour lorsqu’il nous tend les bras ?

     
                                                                          ° ° °


    Un roman construit en deux partie, deux POV qui se suivent dans le récit et un épilogue de la délicieuse Lucie. Benjamin, photographe people, se retrouve en plein été dans une villa de la cote d'azur pour prendre quelques clichés d'un politique et de sa vie officiellement familiale. Hébergé  dans une dépendance, il partage les lieux avec les deux domestiques (ou ex domestique) sous la chaleur du sud, le luxe d'une certaine bourgeoisie et l'attraction  sensuelle du jeune Idrissa, jeune amant du fameux  politique. 
    Plonger dans une piscine de luxe est plus aisé que plonger dans un monde de secret, de manipulations et de jeux plus ou moins axés autour de la domination des riches sur les pauvres sensés les servir. Immédiatement séduit par Idrissa, Benjamin essaie par tous les moyens de faire comprendre à son précieux coup de cœur tout le misérabilisme de sa situation amoureuse avec Pierre. Pierre qui le soumet à son bon vouloir, qui le maintient dans une dépendance  affective et financière et se sert de lui afin d'avoir constamment son joli joujou sous la main. Le tout nappé de doux relents de racisme intrinsèque et de colonialisme pas totalement éradiqué.

    Benjamin est un personnage plaisant, totalement en humeur avec son temps et sa condition de jeune photographe sensible au beau. Il est de nature sereine et prêt à bien des efforts pour séduire le jeune africain qui a ravi son cœur en si peu de temps. Il n'en reste pas moins objectif  quant à la dépendance d'Idrissa envers son vieil amant et on apprécie cette facon claire d'observer la situation qui, même si elle le fait souffrir, ne l'entraîne pas pour autant dans une spirale émotionnelle et romanesque au point d'en perdre de vue son bonheur. Prêt à donner toutes les chances, il est très vite déçu  par les hésitations et le manque de confiance en lui du jeune Idrissa. Pa Farouche comme toujours nous expose, avec sa plume toujours très propre et sensuelle, un jeune homme bien dans son temps, bien dans ses espadrilles à qui il n'est pas besoin de prêter une histoire torturée  pour lui accorder de l'épaisseur. Sa lutte  pour convaincre l'objet de son attention est naturelle, bien fondée et menée avec parcimonie sans jamais tomber dans des scènes tumultueuses et on aime beaucoup cet aspect réel et reposant des scénarios  de l'auteur. sa vision légère sur un monde pétri de conceptions de blancs dominants est habilement confrontée au vernis écaillé d'une bourgeoisie tournée sur la politique professionnalisée.

    La seconde partie, orientée sur Idrissa, nous permet de découvrir le jeune homme en même temps que la suite du récit. Et là, cela m'arrive rarement mais ça arrive, je dois dire que je suis complètement hermétique à ce jeune homme et ses atermoiements. Je comprends parfaitement  sa psychologie qui s'explique très bien par son vécu et sa nature, il ne s'agit donc pas du tout d'incohérence dans le récit mais plutôt d'un personnage auquel je ne parviens pas du tout à accorder le moindre crédit . Un perso qui même me gonfle carrément avec ses changements d'opinion ou d'idée toutes les trois phrases. Un homme qui tourne plus vite qu'une girouette  et qui du coup se décrédibilise complètement à mes yeux. Autant le Idrissa à travers les yeux de Benjamin était intéressant et créait l'envie d'en savoir plus, autant le vrai ne me donne que l'envie de le secouer comme un prunier.
    C'est, bien entendu, une lecture personnelle du personnage et je n'explique pas vraiment ce rejet de ma part si ce n'est par sa faiblesse épuisante. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans sa construction, dans sa personnalité qui passe d'un  amour transi au doute stupide, de la peur de partir à une vision pourtant très claire de sa condition. Comment peut-il seulement être si observateur et si bêta, se montrer faible et oser tout dans une même scène, quitter la main d'un homme qui le fait rêver et se retrouver la queue dans la bouche d'un autre en l'espace de quelques minutes? Le couple s'en retrouve du coup fortement déséquilibré, perd beaucoup de sa tension amoureuse au profit d'une interrogation qui laisse perplexe.

    Heureusement  la pulsion finale, la peur de tout perdre et sa course après Benjamin relève beaucoup la tension et rattrape assez bien le coup. L'auteur réussit à rendre ce final assez éprouvant, fort dans le rythme, les émotions et efface un peu ce coup de mou pour finir sur un épilogue aussi calme qu'une après midi sous le chant des cigales. 

    En conclusion je dirais que Pa Farouche nous livre une histoire sympathique mais déséquilibrée par un travail sur quelques personnages pas assez construit (développer un peu plus les autres persos aurait peut être permis de biaiser ce sentiment que j'ai eu face à Idrissa et je pense que Bertrand et Fayed méritaient un peu plus de place). J'aime beaucoup cet auteur, sa vision et sa manière d’écrire, et je sais que c'est aussi sa facon de faire, de laisser les choses dans un côté un peu nébuleux, d'esquisser ses hommes plutôt que de nous les imposer en force brute et d'habitude ça marche plutôt bien. Mais, parfois certains personnages demandent un peu plus d'attention et peut etre qu'Idrissa et son cruel manque de confiance en fait tout simplement partie. Yop.

                                                                         

    Le choix d'Idrissa de Pa Farouche/ Lorys V

     

    Vous le trouverez ici : Le choix d'Idrissa
      

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  • Le biker est le second volume de la série Les hommes de l'ombre de Rain Carrington, publié  dans la collection Dark de MOR.


    Le Biker (Les Hommes de l'Ombre t. 2) de Rain CarringtonLe pitch:
     Lorsqu’un jeune homme est vendu contre de la drogue le jour des funérailles de sa mère, il pense que sa vie est finie. Ce n’est pas comme si celle de Malcolm Sandoval était un long fleuve tranquille jusqu’à présent, surtout avec une mère toxicomane, un père qui l’a quitté avant ses trois ans et un beau-père qui cogne d’abord et pose les questions ensuite.Kirk est un biker, comme TJ, le beau-père de Malcolm, conduisant une Harley et dealer de drogue. C’est tout ce qu’il peut voir… au début. Cependant, le corps incroyable de Kirk et sa gentillesse brusque, plus étonnante encore, détruisent peu à peu la conviction de Malcolm que personne ne veut de lui. Il se sent tomber amoureux de l’homme silencieux et létal, mais comme tous les chemins qui jalonnent sa vie, de nouveaux obstacles le plongent dans le désespoir.Kirk doit purger une peine de prison et Malcolm se retrouve à devoir faire face au monde sans lui. Pourra-t-il sortir à temps pour sauver Malcolm ou le voyage que ce dernier entreprend afin de le venger sera-t-il leur dernière virée ?


                                                                        + + + +

    Si " La famille" était très sombre et très dur, celui ci est tout de même plus soft bien que les aventures de Kirk et de Malcolm ne soient pas de tout repos.
    Malcolm a un début de vie plutôt catastrophique et l'avenir qui se profile avec Kirk ne semble pas meilleur.  Etre vendu  comme un simple objet pour une histoire de dette de drogue à un  membre de club de bikers, plutôt versé dans le trafic et le crime, ne laisse présager rien de bon. Comme annoncé, le genre est certainement plus orienté sur la Dark que sur le rose bonbon avec une histoire qui conserve tout de même sa part de romance. On est en effet loin des modes non consentis et des histoires de mauvais traitements mais plus dans du bdsm qui n'est pas clairement  exprimé.
    La relation dom/soumis s'instaure depuis le départ entre Mal et Kirk qui pense d'abords avoir un simple plan cul à domicile pour un temps donné. Bien sur, face à la soumission pleine de ferveur du jeune homme, Kirk développe très vite un  attachement contre lequel il lutte. Le jeune soumis lui en revanche se satisfait rapidement de cette relation et de ses sentiments qu'il éprouve dès les premiers jours.

    L'histoire est  assez bien ficelée, peuplée de tout un univers de bikers, de "chiennes" qui savent tenir leurs rôles, de vengeance et de trafics concurrentiels entre gangs. Sans être  haletante, on la suit avec plaisir si on est pas trop rebuté par toute cette imagerie de motards dopés à la testostérone et à la bière. Si ces fameux bikers sont un brin caricaturaux et très suffisants, le personnage de Malcolm lui est assez travaillé en ce qui concerne sa douleur et son passé construit sur le manque parental et l'humiliation d'un  beau-père très violent. Il est cependant dommage de ne pas avoir poussé sa découverte de son besoin de soumission et ses impressions face à ça surtout pour un jeune puceau qui découvre la sexualité. Le personnage de Kirk est malheureusement peu fourni, nous laissant juste un squelette de gay dominant qui malgré la blessure d'un premier amour déçu ne laisse jamais entrevoir le véritable chemin qu'il a parcouru du jeune homme rejeté à l'homme bâti comme un chêne. Il en devient ce biker à bandana que j'ai du mal à supporter, cette vision mi-fantasme mi-gang qui pour moi n'existe que dans les romans.

    Si la thématique mafia était assez logique, plausible et relativement cohérente dans son fil rouge le thème motards surmembrés est en revanche un peu lourd alors que le reste du club au contraire passe assez bien. J'attendais plus d'exploration des codes de ce milieu et il est à peine effleuré ce qui est dommage car il n'en ressort que ce sentiment étrange que provoquent ces idées sur les femmes, la propriété de l'autre, les valeurs morales toutes relatives....
    C'est  un récit chaud plus que brutal que je classerais plus dans de la romance érotique que de la vraie Dark et on a même notre happy-end pour finir avec un sourire. Il est plus abordable que le premier tome, plus facile d'accès et peut-être tout simplement plus acceptable. Ce fut un des premiers écrits  de l'auteur, si j'ai bien compris sa préface, et dans ce sens on peut dire que c'est bien construit et assez bien écrit pour un premier bébé. Je suis donc en balance car j'ai préféré la "facilité" de cette histoire plus en concordance avec ce que je suis capable de lire et d’accepter mais je conserve quand même une préférence pour la profondeur et le traitement du premier volet. 

    "Le biker" c'est  une balade qui n'est pas de tout repos, une balade qu'il faut être prêt à faire car le chemin est difficile. Un tome qui continue de poser les marques d'une saga sombre avec des hommes de l'ombre qui nous présentent d'ors et déjà un aperçu sur les personnages d'un des tomes suivants. Yop
    Merci à MOR pour ce sp.

                                                                               

    Le Biker (Les Hommes de l'Ombre t. 2) de Rain Carrington

     

     

    Vous le trouverez ici: Le Biker (Les Hommes de l'Ombre t. 2)
      

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